28/11/2025

Dialogue mondial 25N : « Voix locales et territoriales du pouvoir : le leadership féminin contre les violences faites aux femmes »

Le 26 novembre, plus de 80 femmes élues localement, leaders féminines et représentantes de gouvernements locaux et régionaux ainsi que d’institutions internationales se sont réunies en ligne pour le dialogue mondial « Voix locales et territoriales du pouvoir : le leadership féminin contre les violences faites aux femmes ». Organisé dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre) et de la campagne des 16 jours d’activisme contre la violence sexiste menée par ONU Femmes, l’événement a réaffirmé le rôle crucial des gouvernements locaux et régionaux dans la conduite d’actions et de réponses transformatrices face à la violence de genre.

Dirigée par notre Commission, cette session a été organisée par CGLU et l’Observatoire international des violences envers les femmes (OIVF) de notre coprésidence, le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, avec le soutien de l’initiative WYDE Women’s Leadership, cofinancée par l’Union européenne et pilotée par ONU Femmes. L’événement a marqué un an depuis le séminaire de clôture du programme international « Pour des territoires protecteurs des femmes victimes de violences », dirigé par notre Commission et l’OIVF, ainsi que les 30 ans de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Le dialogue a contribué à identifier les priorités de notre Agenda municipal féministe à l’approche des jalons mondiaux clés de 2026, tels que la Commission de l’ONU sur la condition de la femme (CSW70) et le Congrès de CGLU, qui se tiendra à Tanger en juin prochain.

Les alliances de gouvernements locaux et régionaux pour mener le changement pour transformer les normes sociales

À l’ouverture de la session, Fatimetou Abdel Malick, Présidente de la Région de Nouakchott, Coprésidente de CGLU et Présidente de la Commission permanente de CGLU pour l’égalité de genre, a souligné que le leadership local des femmes contribue à redéfinir les modèles de gouvernance, à renforcer la démocratie et à construire des alliances : 

« Le leadership que nous exerçons en tant que femmes élues localement transforme profondément la manière dont le pouvoir est exercé. Il renouvelle la gouvernance vers plus d’horizontalité, d’équité et de responsabilité partagée. Il revitalise la démocratie. » 

Elle a insisté sur l’importance de la coopération internationale — notamment l’initiative WYDE Women’s Leadership financée par l’Union européenne et l’exemple de l’Observatoire de la Seine-Saint-Denis — et a mis en avant deux moments clés pour 2026 : la CSW70 et le Congrès mondial de CGLU à Tanger.

La Secrétaire générale de CGLU, Emilia Saiz, a rappelé que l’égalité de genre et la lutte contre la violence à l’égard des femmes sont des priorités majeures de notre agenda : « Notre organisation s’est déclarée être un mouvement municipal féministe ». Elle a toutefois souligné que l’atteinte de cet objectif commun serait impossible sans partenariats solides, faisant le lien entre action locale et agendas internationaux. 

Alice Casagrande, cheffe de l’OIVF, a réaffirmé cette conviction avec force, soulignant l’importance des partenariats locaux internationaux, tels que notre programme conjoint : 

« Nous sommes convaincues que ce moment que nous traversons — un véritable recul — est crucial pour renforcer les partenariats au niveau local. Ces voies de coopération nous offrent un souffle dans un moment de blocage ; elles nous aident à retrouver notre équilibre et nous donnent l’élan pour avancer. »

Action locale féministe contre la violence : bilan d’une année depuis le séminaire final du programme Pour des territoires protecteurs des femmes victimes de violences

Un an après la conclusion du programme, le premier panel — modéré par Maïra Topall, coordinatrice des programmes internationaux à l’OIVF — a réfléchi à la manière dont les gouvernements locaux transforment les engagements mondiaux en actions concrètes contre la violence de genre.

Pascale Labbé, Vice-présidente du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, a souligné l’importance des partenariats organisés, comme celui entre CGLU — via notre Commission — et son territoire. Elle a rappelé les trois objectifs principaux du programme Pour des territoires protecteurs des femmes victimes de violences :

  • Créer des observatoires pour lutter contre la violence à l’égard des femmes dans le monde entier.

  • Contribuer à articuler une coalition mondiale de gouvernements locaux engagés dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes.

  • Sensibiliser le grand public.

Elle a insisté sur l’importance de construire des observatoires locaux, de lancer un réseau mondial de gouvernements locaux travaillant à l’élimination de la violence contre les femmes, et d’élargir les espaces internationaux d’apprentissage entre pairs : « Cela nous invite à réfléchir aux bonnes pratiques, et le réseau permet d’affiner nos connaissances partagées. Le réseau continue de se développer à travers des forums internationaux, tels que le Forum mondial des villes des droits humains de Gwangju (WHRCF) et la conférence « Remodeler le pouvoir pour l’égalité », organisée en septembre 2025 à Stockholm. 

Rohey Malick Lowe, Maire de Banjul et Présidente de REFELA, a rappelé la violence extrême subie par les femmes en Gambie : 3 femmes sur 4 ont subi l’excision, malgré son interdiction. La Maire de Banjul a insisté sur le fait que l’autonomisation des femmes dans la politique locale et leur participation continue sont essentielles pour traduire les politiques en protections réelles et efficaces : 

« La participation durable des femmes n’est pas négociable. Chaque espace que nous occupons, malgré les menaces, représente une victoire contre le silence persistant. Le local est là où le changement devient tangible. »

Depuis l’Argentine, Mayra Mendoza, Maire de Quilmes, a décrit un environnement politique marqué par des reculs institutionnels, la persécution de genre et la féminisation de la pauvreté, soulignant que la résistance est la clé pour lutter contre les normes patriarcales. Mais elle a également appelé à placer le soin au cœur de l’action transformatrice : 

« Prendre soin est une forme de pouvoir. Nous devons approfondir notre conscience politique — sur nos villes et sur le sens même du soin. Le soin a le pouvoir de transformer les normes culturelles et offre également un chemin vers le pouvoir politique. » 

Elle a souligné les actions entreprises pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, allant de la création du Secrétariat des Femmes, de la Diversité et des Droits humains à des initiatives favorisant l’autonomie économique des femmes.

Nelly Ouassennan, deuxième adjointe au Maire de Cocody et coprésidente de l’OIDP pour l’égalité de genre, a détaillé les actions mises en place à Cocody pour lutter contre la violence envers les femmes et l’importance de la prévention et des services de réponse, insistant sur le rôle clé des campagnes de sensibilisation. Néanmoins, elle a appelé à une intégration systématique de l’égalité de genre et des droits dans toutes les politiques publiques.

Les mécanismes concrets pour lutter contre la violence à l’égard des femmes restent coûteux. Les exemples de Cocody et de Ziguinchor montrent que le soutien politique réel est crucial — et avec lui, les ressources nécessaires pour continuer à sauver des vies. 

« Nous avons sauvé la vie de 35 femmes grâce à notre mécanisme d’urgence de géolocalisation », a souligné Ana María Muñiz, Maire de San Mateo Atenco. « Les gouvernements locaux ont besoin de ressources pour protéger les femmes. Nous ne pouvons pas baisser la garde. »


Perspectives : Priorités de l’agenda mondial du municipalisme féministe

Le second panel a exploré les formes émergentes de violence et le potentiel transformateur de la redéfinition des masculinités et du changement des normes sociales, notamment face aux nouvelles formes de violence telles que les violences en ligne, sujet principal de la campagne des 16 Jours cette année.

Carola Gunnarsson, Conseillère de Sala, Envoyée spéciale de CGLU pour la Liberté, la Solidarité et la Lutte contre la Violence envers les Dirigeants politiques locaux, et Vice‑présidente de CGLU pour l’Europe, a ouvert la discussion en soulignant que la violence contre les femmes en politique n’est pas un sujet secondaire, mais central pour nos démocraties : 

« La violence et la haine envers les femmes en politique est systémique. Il s’agit des structures, du numérique, des normes de genre, des systèmes de protection faibles et des partis politiques ». 

Mary Marjorie Martin-Chan, ancienne conseillère municipale de Tuguegarao, a insisté sur l’urgence de transformer les attentes liées à la masculinité et de définir des voies claires pour les gouvernements locaux : normaliser le consentement et l’égalité dans la vie quotidienne, faire de la responsabilisation la norme et impliquer hommes et garçons comme acteurs clés du changement.

Gertrude Nadia Sena Dossa, adjointe au Maire de Porto-Novo, a mis en garde contre l’augmentation de la violence numérique affectant les jeunes et les femmes leaders politiques, et sur le rôle crucial des gouvernements locaux dans la sensibilisation et la régulation des espaces numériques. Depuis Bonn, Ursula Sautter a décrit les efforts pour préparer les jeunes femmes à la vie publique tout en promouvant la solidarité intergénérationnelle : 

« Nous devons être des modèles, mais leur faire connaître la réalité. Nous avons besoin de femmes expérimentées en politique, mais aussi de préparer les nouvelles générations. »

Un appel collectif pour mettre fin à la violence contre les femmes : la solidarité internationale

La discussion ouverte a permis de recueillir des témoignages puissants — de Sebkha, Jénine, São Paulo, Mexico, Quito et Jordanie — montrant des exemples clairs de résistance féministe dans des contextes de conflit ou d’espace démocratique restreint.

Ana Falú, UBUNTU de CGLU, a présenté des données frappantes sur la violence politique à l’égard des femmes : 8 femmes sur 10 ont été victimes de violence politique sous une de ses formes : institutionnelle, judiciaire, psychologique, symbolique ou numérique. Face à ce scénario alarmant, elle a souligné que la solidarité internationale et la coopération à plusieurs niveaux restent essentielles pour recentrer les priorités face aux reculs démocratiques : 

« Nous devons renforcer notre attention sur les biens communs, les infrastructures publiques et la charge disproportionnée du travail de soin. Le mouvement municipal féministe est la force internationale dont nous avons besoin pour avancer vers le Congrès de CGLU en 2026. »

En clôture, Emilia Saiz a repris cet appel en réaffirmant notre agenda commun de municipalisme féministe : protéger les biens communs et garantir les droits.

Vers 2026 : le municipalisme féministe comme force de renouveau démocratique

Cette session a permis de tracer des voies vers Beijing+30 et la CSW70, portée par la collaboration de CGLU avec l’initiative WYDE Women’s Leadership. Les participants ont réaffirmé une conviction partagée : les gouvernements locaux et régionaux sont en première ligne pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes — à travers un service public renouvelé basé sur le soin, le leadership politique et la participation durable des femmes à la politique, ainsi que la transformation des normes sociales.

Alors que le Mouvement municipal féministe se prépare à ces moments clés et au renouvellement des organes de gouvernance de CGLU lors de notre Congrès mondial à Tanger, notre Secrétaire générale de CGLU a lancé un appel clair : 

« Quiconque aspire à diriger CGLU doit promouvoir la parité, lutter contre toutes les formes de violence — y compris politique et numérique —, reconnaître la valeur du travail de soin, promouvoir l’égalité intersectionnelle et défendre le rôle des femmes dans la construction de la paix. »

Consultez la note conceptuelle avec le programme complet et regardez le replay !