23/11/2022

Pour une prise en compte de la crise climatique dans la lutte contre les violences faites aux femmes

l’Observatoire des Violences faites aux Femmes du Département de la Seine Saint Denis a participé au Forum des Villes des droits Humains de Gwangju afin de discuter avec des collectivités locales du monde entier sur les liens entre changement climatique et protection des femmes victimes de violences et pour les inviter à agir dans cette lutte. La violence faites aux femmes et l’exposition aux différentes crises, climatiques, sécuritaires, économiques, ou encore sanitaires s’entretiennent mutuellement. Selon le rapport de l’OCDE Gender Equality and Fragility de 2021, travailler sur l’inégalité entre les sexes dans les contextes de vulnérabilité demande une approche systémique adressant toutes les nuances de la vulnérabilité.

Bien que la violence soit universellement répandue dans l’ensemble des cultures et des territoires, les contextes de vulnérabilité exacerbée, tels que les crises climatiques renforcent les violences envers les femmes.

Le changement climatique expose les femmes à des difficultés rencontrées au quotidien mais également à l’augmentation de la violence. Cependant, les évènements climatiques ne sont pas les responsables directs de la violence envers les femmes. Ils ne font que crées des environnements sociétaux où ces comportements peuvent plus facilement se dérouler en toute impunité. Les causes premières et directes restent les normes sociales patriarcales qui normalisent la violence envers les femmes.  A cet égard, le tsunami de 2004 dans l’océan Indien est révélateur de la surexposition des femmes au danger. Seulement 20 à 35% des survivants étaient des femmes. En cause, la discrimination systémique à l’accès à l’éducation : beaucoup de femmes n’ont pas appris à nager et ne pouvaient pas se mettre en sécurité. Ainsi, si le changement climatique frappe les sociétés dans leur ensemble, l’inégalité entre les femmes et les hommes provoque une capacité différenciée de survie.

Depuis 20 ans, les évènements climatiques extrêmes tels que la sécheresse, les inondations et les cyclones se multiplient. Les différents rapports du Groupe Intergouvernemental d’Experts pour le Climat montrent que ces évènements ont touché 4 milliards de personnes dans le monde et en a tué plus de 300 000. Cependant, l’exposition au danger du changement climatique ne peut faire l’économie d’une approche distincte entre les femmes et les hommes.
Le changement climatique modifie l’organisation sociale en complexifiant l’accès aux ressources et aux services de base. Les femmes, principales pourvoyeuses de ressources telles que l’eau salubre ou le bois pour le feu se retrouvent plus exposées au danger car elles parcourent de plus grandes distances pour avoir accès à ces biens.  Mais, elles subissent également une augmentation de la violence.

Selon la Croix Rouge, la traite humaine pour l’exploitation sexuelle ainsi que les violences sexuelles ont augmenté au Laos et aux Philippines après le passage du typhon en 2013. De plus, les violences conjugales et sexuelles sont plus nombreuses durant les évènements climatiques extrêmes en raison des psychotraumatismes qui engendrent du stress, une plus grande consommation d’alcool et l’absence temporaire de la règle de droit.

De même, le changement climatique provoque l’augmentation des mariages précoces. Plusieurs études montrent que les évènements climatiques extrêmes tels que le Cyclone Roanu au Bangladesh et au Malawi ont augmenté le nombre de filles mariées avant 18 ans. Ces mariages sont une stratégie permettant aux familles de réduire leurs dépenses dans des contextes où ils n’ont plus accès aux ressources de base. Au Malawi, ces filles étaient alors appelées « Mariées du Soleil » ; leur famille en grande précarité à cause de la sécheresse ont été contraintes à marier leur fille.

Finalement, la violence envers les femmes dans les situations de grande vulnérabilité est la conséquence des défaillances systémiques engendrées par les évènements climatiques extrêmes. Ces derniers provoquent une instabilité socioéconomique et institutionnelle qui rendent inaccessibles les soins, la sécurité et l’application de la loi.

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