17/12/2015

De la transition écologique au droit à la ville: les activités de la Commission pendant la COP21

Du 4 au 10 décembre, la Commission Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains de CGLU était à Paris, a l’occasion du Conseil Mondial de CGLU et de la COP21. Pendant cette semaine, la Commission a organisé des sessions autour du droit à la ville comme élément fondamental pour contribuer à la transition écologique. Au cours de ces activités et des rencontres  qui ont eu lieu avec des gouvernements locaux et mouvements sociaux dans le cadre de la Plateforme Globale pour le Droit à la Ville, la Commission a consolidé les messages et les alliances pour des territoires justes, démocratiques et durables dans le futur Agenda Mondial de l’Habitat.

 

Une importante session ouverte du Conseil Mondial de CGLU à Saint-Denis pour articuler la justice sociale et climatique dans les territoires

Dans le cadre du Conseil Mondial de CGLU, et à l’initiative de la Communauté d’agglomération de Plaine Commune, qui co-préside la Commission Inclusion Sociale, Démocratie participative et Droits Humains, plus de 200 personnes se sont retrouvées au Stade de France (Saint-Denis) le matin du 5 décembre autour du débat «De la COP21 à Habitat III : les gouvernements locaux et les citoyens au cœur des défis» Des Maires et des responsables locaux et régionaux du monde entier  étaient présents –parmi lesquels Ada Colau (Maire de Barcelone), Manuela Carmena (Maire de Madrid), Pam McConnell (Adjointe à l’équité sociale de Toronto,), Fatimetou Mint Abdel Malick (Maire de Tevragh-Zeina), Jan van Zanen (Maire d’Utrecht), Abdoulaye Thimbo (Maire de Pikine), Marcelo Cabrera Palacios (Maire de Cuenca, Équateur) et Gustavo Petro (Maire de Bogotá)-, ainsi que des dirigeants de  la société civile, comme Dimitrios Roussopoulos (Centre d’Écologie Urbaine de Montréal), Jordi Borja (Observatoire des Droits Economiques Sociaux et Culturels de Barcelone), Gustave Massiah (AITEC, Forum Social Mondial), Lorena Zarate (Coalition Internationale pour l’Habitat) ou Augusto Barrera (Faculté Latino-Américaine des Sciences Sociales - FLACSO).

Tous les participants se sont accordés pour dire que sans justice sociale il ne peut y avoir de justice climatique, et qu’il est nécessaire de repenser la manière dont on construit et développe les territoires pour atteindre la pleine durabilité écologique, sociale et démocratique. Dans ce sens, les représentants des gouvernements locaux et des mouvements sociaux se sont référés au droit à la ville comme pierre angulaire d’une transition écologique qui serait vaine sans justice sociale et spatiale. Les personnes présentes ont partagé sur un pied d’égalité leurs regards sur  la transition écologique en lien avec les priorités des agendas locaux, marqués par le besoin de travailler l’inclusion sociale, le développement économique endogène et durable, l’accès aux droits… Le débat a été conçu comme un dialogue avec la société civile, structuré en deux parties : une première sur la relation entre changement climatique et développement urbain, et une deuxième sur des propositions pour des territoires justes, démocratiques et durables. Élus et représentants de la société civile ont pris librement la parole  dans le même temps imparti pour les interventions. Enfin, les propositions communes des Maires et la société civile se sont enrichies de la vision des chercheurs. Celles-ci viendront alimenter les propositions en vue du sommet d’Habitat III (Quito, Octobre 2016).

La Commission, avec la Coalition Internationale de l’Habitat IC, a porté la question du Droit à la Ville lors du du Sommet Citoyen pour le Climat

Le 5 décembre en soirée, la Commission a organisé un débat public sur «Transition écologique et Droit à la Ville», avec la Coalition Internationale pour l’Habitat (HIC). Cette initiative s’inscrivait dans le cadre du Sommet Citoyen pour le Climat organisé à Montreuil (métropole de Paris) par la société civile (Coalition Climat 21) en parallèle de la COP21 Plus de 150 personnes ont participé à ce débat entre la société civile et les gouvernements locaux, avec des représentants de différents secteurs : Lorena Zarate (HIC), Sylvie Ducatteau (Plaine Commune), Bachir Kanouté (ENDA-ECOPOP), Dimitrios Roussopoulos (Centre d’Écologie Urbaine de Montréal), Amaranta Herrero (sociologue environnemental), Jordi Borja (Observatoire DESC), Eva Herrero (Chargée à l’écologie urbaine pour la ville de Barcelone), Gustave Petro (Maire de Bogotá) et Jean-Baptiste Eyraud (Droit au Logement -DAL), animé par Gustave Massiah.

Le débat s’est déroulé  sur un format ouvert  autour de deux discussions: les défis de l’urbain vis-à-vis du changement climatique et les alternatives du point de vue du droit à la ville.  Chaque partie était amorcée para les interventions des invités avant de laisser le public prendre librement la parole. Le débat a permis d’aborder les enjeux d’un monde majoritairement urbain par rapport aux émissions des gaz à effet de serre, d’insister sur la nécessité de repenser d’une façon radicale les modèles actuels de développement urbain pour limiter le changement climatique et réaliser des sociétés inclusives, démocratiques, justes et durables. Ce débat a aussi contribué à  renforcer les articulations entre des mouvements urbains et écologistes, et entre des gouvernements locaux et des mouvements sociaux.

 

La Commission, présente dans la Zone Officielle de la COP21 pour contribuer au débat sur transition écologique et justice sociale et urbaine dans les métropoles

Le 8 Décembre, dans l’espace officiel des négociations de la  COP21, le Conseil Départemental  de Seine-Saint-Denis - co-président de la Commission et territoire dans lequel la COP est déroulée - et la Commission ont réuni à nouveau des élus locaux et  des membres de la société civile autour de la table ronde sur «La transition écologique dans les périphéries populaires : une priorité pour réduire les inégalités sociales». Au cours de leurs interventions, Stéphane Troussel (Président du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis), J. Enrique Rojas (Secrétaire à l’Inclusion Sociale de Bogotá), Abdoulaye Thimbo (Maire de Pikine, métropole de Dakar), Lorena Zarate (HIC) et Emilia Saiz (CGLU) ont constaté l’oubli systématique des gouvernements locaux, et en particulier  de ceux des périphéries populaires, dans les grandes négociations climatiques, alors pourtant qu’ils représentent des  laboratoires de solutions pour la transition écologique. A nouveau dans ce débat, des liens forts ont été établis entre la transition écologique et la justice sociale. En effet, la transition écologique peut être un outil au service de l’égalité sociale dans les territoires métropolitains marqués par la pauvreté. Le débat a contribué à renforcer la mobilisation des territoires de périphérie  pour des métropoles polycentriques, solidaires et durables, en vue du sommet d’Habitat III. Le droit à la ville y a été présenté par les représentants de tous les secteurs comme pratique sociale et approche théorique permettant d’articuler  les questions de la transition écologique et de la justice sociale et spatiale.

 

Des temps de partage avec la société civile pour promouvoir le droit à la ville.

Le 10 Décembre, Magali Friaudet (CISDPDH), Lorena Zarate (HIC) et Gino Van Begin (Secrétaire Général de l’ICLEI) ont participé au dialogue organisé par la Fondation pour le Progrès de l’Homme« De la COP21 vers Habitat III : Réseaux de Villes et Citoyens engagés pour les Défis Globaux».  Lors de cette rencontre avec des fondations européennes et américaines,  ont été évoqués les principaux défis de la planète et leur déclinaison urbaine (changement climatique et inégalités sociales). Les réseaux de villes et des citoyens ont fait part aux fondations présentes de la nécessité de travailler ensemble pour construire des villes justes solidaires et durables, notamment en perspective du sommet Habitat III.

Finalement, le 9 décembre, s’est déroulée à Paris une rencontre régionale de la Plateforme Globale pour le Droit à la Ville (GPR2C), avec des représentants du mouvement DAL (Droit au Logement), de No Vox, de Plaine Commune, de l’Observatoire des Droits Economiques Sociaux et Culturels de Barcelone, de l’Institut des Politiques Alternatives de Montréal (IPAM), de la Coalition Internationale pour l’Habitat (HIC), WIEGO et d’autres. Dans ce cadre, les activités de plaidoyer politique et de construction des réseaux que la Plateforme met en oeuvre ont été présentées. En outre, ont été  identifiés les principaux défis auxquels il est nécessaire de face à court et à moyen terme : marchandisation de la ville, réduction des dépenses publiques, multiplication des expulsions….Des propositions ont ainsi été dégagées pour avancer vers un plan d’action commun, notamment une rencontre régionale européenne de coordination de la Plateforme pourrait avoir  lieu à Barcelone en mars 2016.

 

Vers des perspectives communes d’action à partir des territoires

Cet intense agenda a permis de consolider le mouvement global pour le Droit à la Ville et de renforcer le réseau qui travaille pour sa mise en œuvre concrète, comme une approche globale et  nécessaire pour des territoires justes, démocratiques et durables. En outre, toutes ces activités ont permis de constater que, alors que les Etats n’ont pas été capables, lors de la COP21 d’adopter des mesures contraignantes à la hauteur des enjeux climatiques, il existe un mouvement des gouvernements locaux qui, au côté de la société civile, est déterminé à agir pour la justice climatique et sociale, et dont les actions locales sont porteurs d’un sens et de dynamiques globales.

Tout cela trace des perspectives pour faire croître le mouvement global pour le Droit à la Ville et augmenter ses forces tant au sein du mouvement municipaliste  mondial qu’en alliance avec des organisations de la société civile.

Pour reprendre la conclusion de Gustave Massiah lors du débat de Montreuil, « aujourd’hui les alternatives émergent des territoires grâce aux alliances entre les gouvernements locaux et la société civile. Seules ces alliances peuvent devenir suffisamment fortes pour transformer les acteurs économiques et reconvertir les États » Voilà donc le chemin que nous poursuivrons sans relâche en 2016 pour atteindre des territoires véritablement justes, et démocratiques et durables !  

 

- Les comptes rendus des sessions de Saint-Denis et Montreuil seront disponibles au cours des prochaines semaines.

Ici vous pouvez trouver l’album de photos des événements de la Commission à Paris.