16/09/2016

La Commission coordonne une session d’échanges entre pairs sur «Cohésion sociale, dialogue interculturel et inter-religieux à destination des villes accueillant des migrants.

Dans le cadre du projet Migration Ville à Ville en Méditerranée (MC2CM), la Commission Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains a coordonné la première session d’échanges entre pairs sur les politiques locales de cohésion sociale quoi s’est tenue à Lisbonne les 12 et 13 juillet derniers en présence de représentants de 8 villes européennes et méditerranéennes.

 

Cohésion social et Dialogue interculturel et inter-religieux axe clés de l’intégration des migrants au niveau local.

La migration est un phénomène global qui a des répercussions locales, les migrants quittant un territoire pour un autre, une ville pour une autre. Dans ce cadre, les gouvernements locaux ont un rôle fondamental à jouer dans le cadre de l’inclusion des migrants et pour assurer la création, le maintien ou le renforcement de la cohésion sociale, prévenir le racisme et la xénophobie mais également pour faciliter un dialogue interculturel et inter-religieux qui permettent une meilleure connaissance mutuelle de habitants de la ville et contribuent au renforcement du vivre ensemble

C’est autour de cette thématique que s’est déroulée la 1ère réunion thématique entre pairs du projet Migration Ville à Ville en Méditerranée (MC2CM), sous l’intitulé : « Cohésion sociale et dialogue interculturel et inter-religieux : le rôle des gouvernements locaux ».

La rencontre, organisée les 12 et 13 juillet 2016 à Lisbonne, et coordonnée par la commission Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains de CGLU, a réuni les villes participantes (Amman, Lisbonne, Lyon, Madrid, Tanger, Tunis, Turin, Vienne) ainsi que le Fond Catalan pour la Coopération et le Développement (coordinateur du groupe de travail de CGLU sur Migrations et Co-Développement) pour deux jours de réflexions communes, d’échanges d’expériences et de travail conjoint autour des défis liés à la thématique au niveau local.

 

Une session pour partager les difficultés et construire des alternatives pour l’inclusion locale des migrants

Réunis dans la Maison des Droits Sociaux de Lisbonne, équipement municipal qui se trouve dans le quartier périphérique de Bella Vista et destiné à accompagner les projets de l’ensemble des habitants de Lisbonne, une vingtaine de participants ont pu mettre en commun leurs difficultés et échanger des pratiques concrètes d’inclusion sociale, grâce à une méthodologie participative.

Dans un premier temps, les participants ont eu une discussion de fond portant sur le rôle des gouvernements locaux dans la construction de politiques publiques locales et leur mise en œuvre, ainsi que sur l’approche basé sur les droits en tant vecteur pour le développement de ces politiques. Le dialogue s’est basé notamment sur le document de référence réalisée la CISDP. Les principales remarques dans ce cadre ont notamment mis en lumière les contraintes financières auxquels font faces les villes et la tendance à la recentralisation qui sont souvent un frein à la mise place de politiques inclusives. De plus, l’emploi a également été cité comme un vecteur de l’inclusion alors qu’il fait défaut dans les villes d’accueil. Ces contraintes amènent  les collectivités locales à repositionner leur fonction de facilitatrice de cohésion sociale.

Les participants ont par la suite été invités à définir les mythes auxquels font face les politiques d’inclusion des migrants sur leurs territoires et à les déconstruire. Citons comme exemple la ville de Vienne où une étude a démontré que le taux de criminalité est plus élevé chez les populations natives que chez les migrants. A Amman, les migrants syriens sont taxés de prendre les emplois des Jordaniens, alors que les Syriens n’occupent bien souvent que des postes délaissés par les locaux. D’ailleurs la migration, quand elle est accompagnée de droits, a en termes général un effet positif sur le taux d’emplois, contrairement aux idées reçues comme le démontre une étude de l’US Urban Institute.

Cette exercice a servi de base pour la mise en place d’un diagramme de contraintes, mettant en avant les difficultés rencontrées par les villes au moment de mettre en place des politiques de cohésion sociale et de dialogue interculturel et inter-religieux pour assurer l’inclusion des migrants dans le tissu local. En particulier, les villes participantes ont souligné les difficultés qu’elles rencontrent en termes de gestion des ressources humaines et financières (manque de personnel qualifiés – médiateurs, interprètes - et difficultés à répondre aux besoins non planifiés), de cadre de compétence (besoin de plus de coordination interinstitutionnelle et d’une plus grande souplesse des systèmes administratifs) et de décentralisation (besoin de compétences spécifiques sur la migration), qui sont les principaux freins à leur actions pour assurer une cohésion sociale efficaces dans le cadre de territoires sujets aux flux migratoires.

Les échanges se sont par la suite poursuivi autour d’une visite de terrain, de présentation d’expériences et d’étude de cas (portant notamment sur les espaces et politiques de participation, l’utilisation partagé des espaces publics et la valorisation et l’éducation aux diversités), permettant de mettre en lumière les pratiques des différentes villes pour surmonter les défis exprimés en amont et concevoir conjointement des stratégies d’action face à des situations concrètes.

 

Des messages communs pour l’inclusion sociale, le dialogue interculturel et inter- religieux

En conclusion, les participants se sont accordés sur 11 recommandations communes qui sont :

  1. Le niveau local est le lieu pour la création de la cohésion sociale ;
  2. Les villes métropolitaines comme principaux lieux d'arrivée des migrants ont un rôle crucial à jouer dans la coordination des politiques d'accueil.
  3. Les politiques de cohésion et d'inclusion sociales exigent des approches intégrées et transversales.
  4. L'Union européenne et les États doivent reconnaître et faciliter le rôle des gouvernements locaux dans la cohésion sociale et dans l'inclusion des migrants. Les gouvernements locaux ne peuvent pas être laissés seuls pour faire face à des questions de migration.
  5. Les politiques de cohésion sociale doivent se baser sur une approche fondée sur les droits humains.
  6. Les valeurs du vivre ensemble sont cruciales pour assurer la durabilité des villes ;
  7. La diversité et l'interculturalité sont un potentiel pour les villes ;
  8. Le dialogue interreligieux est l'un des vecteurs de la coexistence pacifique.
  9. Les gouvernements locaux doivent travailler avec et pour les citoyens afin de promouvoir l'interculturalité et le dialogue.
  10. Les gouvernements locaux doivent sensibiliser les populations locales à travers d’actions éducatives, de recueil de données ventilées et de la fourniture de statistiques pour lutter contre les préjugés, notamment en travaillant avec les médias.
  11. Les ressources humaines des administrations locales doivent inclure des critères de diversité et être formés à l'interculturalité et à la médiation.

 

Les prochaines étapes du projet

La rencontre de Lisbonne est la première d’une série de 7 réunions thématiques entre pair qui porterons sur :

  • Cohésion sociale et dialogue interculturel et interreligieux (Lisbonne, Juillet 2016) ;
  • Emploi et entrepreneuriat (Madrid, Novembre 2016) ;
  • Jouissance droits humains et accès aux services de base (Tanger, Novembre 2016) ;
  • Réfugiés (Vienne, Février 2017) ;
  • Coordination interinstitutionnelle (Turin, Avril 2017 – à confirmer) ;
  • Planification territorial et le logement (Amman, Mai 2017 – à confirmer) ;
  • Education et langue (Beyrouth ou Lyon, Octobre 2017 – à confirmer).

 

Pour rappel, le projet MC2MC, financé par l’Union Européenne et l’Agence Suisse pour le Développement et la Coopération, est porté par ICMPD (Centre International pour le Développement des Politiques Migratoires) et compte UN-Habitat comme partenaire et UNCHR comme associé.

L'objectif global du projet est de contribuer à améliorer la gouvernance de la migration au niveau local dans un réseau de villes en Europe et au sud de la Méditerranée, avec un accent particulier sur l'intégration et l'inclusion, ainsi que l'accès des migrants aux droits humains et aux services de base. Il vise également à renforcer les capacités des villes dans ce domaine.

Pour plus d’information sur le projet, consultez le site web de CGLU ou contactez [email protected].